Annulation de la vente aux enchères de pièces beylicales à Paris
Cent quatorze pièces d'«une grande valeur historique ont été proposées à la vente dans la deuxième quinzaine de mars 2020, sans aucune autorisation officielle et en plein confinement dans le pays», a révélé ce mardi à l'AFP Faouzi Mahfoudh, directeur de l'Institut national du patrimoine.
Ces objets «n'appartiennent à aucun musée de l'Etat»: il s'agit de «propriétés privées» de descendants d'un dignitaire beylical, a-t-il affirmé.
Le professeur d'histoire contemporaine Adnen Manser a commenté cette affaire en déclarant qu'il n'y aucune loi interdisant la vente aux enchères de ce pièces, puisqu'il s'agit d'une propriété privée. Seules les correspondances officielles portant le sceau de l'Etat peuvent être interdites à la vente .
Pour plus de détails, Mohsen Jallouli, l'un des petits fils du troisième Bey et propriétaire de ces pièces, est intervenu dans Ahla Sbeh. Il a souligné que les pièces sont une propriété familiale qui n'a pas été ni sortie illicitement ni volée.
Il a ajouté que 7 pièces sur les 114 sont à lui et que la la majorité, sans aucune relation avec Moncef Bey ou le patrimoine tunisien, a été achetée sur des décennies à l'étranger, comme au Maroc ou en Algérie.
Il a souligné, d'autre part, que compte tenu de la polémique suscitée par cette vente aux enchères, les objets ont été retirés et resteront à la disposition de la famille.
Des détails sur la vente aux enchères
Les autorités tunisiennes enquêtent sur la sortie sans autorisation de plus d'une centaine de pièces historiques de l'époque beylicale, mises à l'encan dans la capitale, le 11 juin.
Sous le titre «Collection d'un dignitaire de la Cour du beylicale», ils sont mis en vente par une maison de ventes parisienne le 11 juin relayée via le site Drouot Digital.com, institution du marché de l'art. Tenues d'apparat du début du XXe, manuscrits religieux et de poésie, correspondances officielles: ces objets sont ceux de Lahbib Djellouli (1857-1957), ancien ministre de la Plume et de la Justice du bey, le souverain tunisien, transmis à son fils Ahmed, décédé en 2011. On y trouve notamment un coran ayant appartenu à Mohamed el-Moncef Bey (1881-1948), bey de Tunis destitué en 1943 et avant-dernier représentant de la dynastie husseinite. Il y a aussi la copie originale d'un ouvrage de référence sur cette dynastie, «Ithaf Ahl al-zaman bi Akhbar muluk Tunis wa 'Ahd el-Aman» («Présent des hommes de notre temps. Chroniques des rois de Tunis et du pacte fondamental»), rédigé par Ahmed Ibn Abi Dhiaf, un historien et homme politique tunisien (1804-1874).